L’entretien des espaces verts constitue souvent un point de friction entre propriétaires et locataires. Selon une étude de l’ADIL réalisée en 2023, près de 35% des litiges locatifs concernent l’entretien extérieur, dont l’élagage des arbres. Nous constatons régulièrement cette problématique dans notre secteur et souhaitons vous éclairer sur les responsabilités de chacun. Qui doit payer pour l’élagage et la taille des arbres ? Quelles sont les obligations respectives ? Observons ensemble les règles qui s’appliquent dans ce domaine.
Répartition des responsabilités entre locataire et propriétaire
La législation française établit clairement les obligations d’entretien qui incombent au locataire d’un logement. Le décret 87-712 du Code civil précise que l’entretien courant du jardin fait partie des charges locatives. Cela comprend la tonte de la pelouse, le désherbage, mais également la taille des haies et l’élagage des arbres.
Étant locataire, vous devez donc assurer l’entretien régulier des espaces verts durant toute la période de location. Cette responsabilité s’étend aux arbres présents sur la propriété, qu’il s’agisse de tailler les lauriers roses ou d’élaguer des arbres plus imposants.
Voici une liste détaillée des tâches d’entretien généralement à la charge du locataire :
- Tonte régulière de la pelouse
- Désherbage des allées et massifs
- Taille des haies et arbustes
- Élagage des branches d’arbres
- Ramassage des feuilles mortes
- Échenillage (élimination des nids de chenilles)

Le propriétaire, quant à lui, reste responsable des travaux de grande ampleur ou exceptionnels. Par exemple, l’abattage d’un arbre malade ou dangereux relève généralement de sa responsabilité, car il s’agit d’une modification substantielle du bien loué.
Il convient de noter que ces règles peuvent être précisées dans le contrat de bail. Nous recommandons toujours de vérifier ce document avant d’entreprendre des travaux significatifs dans le jardin.
Cas particuliers et situations complexes
La répartition des responsabilités peut se compliquer dans certaines situations. Prenons l’exemple d’un arbre planté en limite de propriété qui cause une gêne aux voisins. Bien que l’élagage soit théoriquement à la charge du locataire, c’est le propriétaire qui reste juridiquement responsable vis-à-vis du voisinage.
Si un voisin se plaint de branches qui dépassent sur sa propriété et que le locataire refuse d’intervenir, le voisin devra s’adresser au propriétaire pour obtenir réparation. Ce dernier pourra ensuite se retourner contre son locataire si celui-ci a manqué à ses obligations d’entretien.
En cas d’arbre tombé causant des dommages, la responsabilité dépend de plusieurs facteurs :
| Situation | Responsable probable |
|---|---|
| Arbre déjà fragile à l’entrée dans les lieux | Propriétaire |
| Défaut d’entretien par le locataire | Locataire |
| Catastrophe naturelle (tempête exceptionnelle) | Assurance habitation |
| Maladie non détectable par simple observation | Propriétaire |
Pour les arbres présentant des signes évidents de faiblesse ou de maladie, comme un olivier qui perd ses feuilles de façon anormale, nous conseillons au locataire d’informer immédiatement le propriétaire par écrit. Cette démarche permet de dégager sa responsabilité en cas de chute ultérieure.
Règles spécifiques en copropriété et locations saisonnières
En copropriété, les règles diffèrent selon que les arbres se trouvent dans les parties communes ou privatives. Pour les espaces verts communs, l’entretien est géré par le syndic et financé par les charges de copropriété. Le syndic fait généralement appel à des professionnels pour réaliser les travaux d’élagage nécessaires.
En revanche, pour les jardins privatifs ou à jouissance exclusive, la responsabilité de l’entretien revient au propriétaire ou au locataire selon les termes du bail, en suivant les mêmes principes que pour une maison individuelle.
Les locations saisonnières ou de courte durée fonctionnent différemment. Pour ces contrats, l’entretien courant du jardin reste généralement à la charge du propriétaire, sauf mention contraire dans le contrat. Cette exception s’explique par la brièveté du séjour qui ne justifie pas d’imposer au locataire des travaux d’entretien significatifs.
Voici comment les responsabilités se répartissent selon la durée de location :
- Location longue durée (bail classique) : entretien courant à charge du locataire
- Location saisonnière (moins de 3 mois) : entretien généralement à charge du propriétaire
- Location meublée : règles identiques au bail classique sauf stipulation contraire
- Colocation : responsabilité partagée entre colocataires selon les termes du bail

Prévenir les conflits par une communication claire
D’après notre expérience, la plupart des litiges liés à l’élagage résultent d’un manque de clarté dans la répartition des responsabilités. Nous recommandons aux propriétaires d’inclure des clauses spécifiques dans le contrat de bail concernant l’entretien du jardin et des arbres.
Pour les locataires, il est judicieux de faire un état des lieux détaillé des espaces verts lors de l’entrée dans le logement. Prenez des photos des arbres présents et notez leur état. Cette précaution vous évitera d’être tenu responsable de problèmes préexistants.
Si vous doutez de vos capacités à réaliser vous-même l’élagage, n’hésitez pas à faire appel à un professionnel. Le coût moyen d’une intervention d’élagage varie entre 70€ et 350€ selon la taille et la complexité des arbres concernés. Ce montant reste à la charge du locataire pour l’entretien courant.
En cas de désaccord persistant, les deux parties peuvent solliciter l’avis d’un médiateur ou consulter l’Agence Départementale d’Information sur le Logement (ADIL) de leur département. Cette démarche permet souvent d’éviter des procédures judiciaires longues et coûteuses.













